- pèlerinage
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• 1131; de pèlerin1 ♦ Voyage, individuel ou collectif, qu'un fidèle fait à un lieu saint pour des motifs religieux et dans un esprit de dévotion. Aller en pèlerinage. Faire un pèlerinage.2 ♦ (1718) Le lieu qui est le but de ce voyage. Saint-Jacques-de-Compostelle, pèlerinage très fréquenté au Moyen Âge.3 ♦ (1835) Voyage fait avec l'intention de rendre hommage à un lieu, à un grand homme qu'on vénère. Faire un pèlerinage sur les lieux de son enfance. Pèlerinage historique, sentimental. « Cet homme rare avait fait un pèlerinage à Ferney pour voir Voltaire et en avait été reçu avec distinction » (Stendhal).pèlerinagen. m.d1./d Voyage que fait un pèlerin. Aller en pèlerinage.d2./d Lieu où va un pèlerin, où viennent des pèlerins. Le pèlerinage de Lourdes, de La Mecque.⇒PÈLERINAGE, subst. masc.A. —1. Voyage individuel ou collectif effectué dans un lieu saint à des fins religieuses et dans un esprit de dévotion. Aller en pèlerinage, faire un pèlerinage; pèlerinage diocésain, aux lieux saints, à Saint-Jacques-de-Compostelle, aux Saintes-Maries-de-la-Mer; pèlerinage de l'Ascension, du 15 août, des malades. Les pèlerinages catholiques font voir merveilleusement que cette méthode d'exaltation intellectuelle réunit toutes les conditions pour tourner en passions la curiosité et le respect (BARRÈS, Renan, Trois stations de psychothérapie, 1891, p.132). Elle laissait depuis trois ans son mari à Trouville (...) pour accompagner le pèlerinage national, en qualité de dame hospitalière (ZOLA, Lourdes, 1894, p.55):• ♦ Peu après, sur la remarque que le pèlerinage de La Mecque, qui se pratiquait déjà et qui devait s'accomplir en automne, avait du retard, on ajouta un treizième mois. Un ministre fut établi dont la fonction spéciale était de régler cette intercalation et de la faire savoir au peuple. L'intercalation était empruntée aux Juifs de Médine. Elle ne remédia pas parfaitement à l'erreur signalée, car, de 412 à 632, c'est-à-dire en l'espace de 220 ans, la date du pèlerinage de La Mecque avait passé de l'automne au printemps. Mahomet, qui fit au mois d'avril son pèlerinage, trois mois avant sa mort, interdit l'intercalation du 13e mois.CHAUVE-BERTRAND, Question calendrier, 1920, p.58.— P. métaph. Déplacements en longue file. Ces pèlerinages de phoques, ces communautés de pingouins, ces naufrages, ont une poésie effrayante (MORAND, Paris-Tombouctou, 1929, p.30).2. P. méton.a) Le lieu lui même de ce pèlerinage; l'église du pèlerinage. Notre-Dame de Lorette est un des plus fameux pèlerinages de la chrétienté (Ac.). C'est du moins ce que je présume d'une sainte Visite d'un pèlerinage sous le feu Solaire inscrivant un triangle d'ombre peinte Peinte on dirait sur la demi-face de Chleuh (COCTEAU, Clair-obscur, 1954, p.191).b) L'ensemble des pèlerins se rendant ou participant à un pèlerinage. C'était le moment où les escadres italiennes débarquaient en terre sainte le pèlerinage annuel (GROUSSET, Croisades, 1939, p.95).B. —P. anal.1. Voyage que l'on fait en un lieu avec l'intention de se recueillir ou visite que l'on rend à quelqu'un que l'on admire, à qui on veut rendre hommage ou dont on vénère la mémoire. Pèlerinage historique, musical, sentimental. Leur pèlerinage le plus cher était d'aller passer l'après-midi à la petite maison que Madeleine avait habitée (ZOLA, M. Férat, 1868, p.112). Les poètes prétendent que nous retrouvons un moment ce que nous avons jadis été en rentrant dans telle maison, dans tel jardin où nous avons vécu jeunes. Ce sont là pèlerinages fort hasardeux et à la suite desquels on compte autant de déceptions que de succès (PROUST, Guermantes 1, 1920, p.91). Je connais peu de plaisirs plus vifs qu'un pèlerinage littéraire, fait en un lieu consacré par la présence d'un grand homme (MAUROIS, Mes songes, 1933, p.157).2. P. ext. Tout long voyage. Synon. périple. Pèlerinage aux sources. Cette terreur des brigands doit être exagérée [en Espagne], car, dans un très long pèlerinage à travers les provinces réputées les plus dangereuses, nous n'avons jamais rien vu qui pût justifier cette panique (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.137). Tous, à commencer par Chateaubriand lui-même (...) ils parcourront avec des variantes d'impressions le même cercle, et recommenceront le même pèlerinage: l'Italie, la Grèce, l'Orient (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t.1, 1860, p.372).— P. anal. Voilà au reste un jour des Rois bien triste pour moi, je le passe seul, loin de ce qui m'est cher. Quand finirai-je mes pèlerinages sur la terre? Je suis comme le vieux voyageur Jacob (CHATEAUBR., Corresp., t.2, 1821, p.102). La vie envisagée comme un voyage. Je ne t'ai pas écrit; il eût fallu te raconter ma vie entière. C'est un long et triste pèlerinage que je n'avais pas le courage de retracer (SAND, Corresp., t.1, 1834, p.278).Prononc. et Orth.:[
], [pe-]. Ac. 1694: pellerinage; 1718, 1740: pele-; 1762: péle-; dep.1798: pèle-. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1135 «voyage entrepris dans un but religieux, vers un lieu saint» (Couronnement de Louis, éd. Y. A. Lepage, 265, 386); b) ca 1210 «croisade» (HERBERT DE DAMMARTIN, Fouque de Candie, 14108 ds T.-L.); c) 1240-80 en parlant de la vie du chrétien considérée comme une marche vers la Jérusalem céleste; ici, le périple est accompli au cours d'un songe (BAUDOUIN DE CONDÉ, Voie de paradis, 56 ds OEuvres, éd. A. Scheler, t.1, p.207); 2. a) ca 1170 «voyage» (Rois, IV, VIII, 1, éd. E. R. Curtius, p.188: Va t'en, tu e ta maigniée, en pelerinage la u te plarrad [vade... et peregrinare ubicumque repereris]); ca 1210 (HERBERT DE DAMMARTIN, op. cit., 3707, ds T.-L.); b) déb. XIIIes. en parlant de la vie humaine (CHARDRY, Petit plet, éd. J. Koch, 362); 3. 1718 «lieu où l'on se rend par dévotion» (Ac.); 4. 1836 voyage fait en un lieu pour rendre hommage, se recueillir» faire un pèlerinage à Ferney (STENDHAL, Vie de H. Brulard, III, Paris, éd. H. Debraye, t.1, 1913, p.34); 5. 1884 «cohorte de pèlerins» (PÉLADAN, Vice supr., p.219: tout le pèlerinage prosterné). Dér. de pèlerin; suff. -age. Fréq. abs. littér.: 675 dont 78 pélerinage. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 817, b) 889; XXes.: a) 1031, b) 744.
pèlerinage [pɛlʀinaʒ] n. m.ÉTYM. 1131; de pèlerin.❖1 Voyage, individuel ou collectif, fait à un lieu saint pour des motifs religieux et dans un esprit de dévotion (⇒ Pèlerin). || Faire un pèlerinage. || Aller (cit. 23) en pèlerinage. || Être en pèlerinage (→ Imputer, cit. 19). — Rôle littéraire, artistique des pèlerinages au moyen âge. || Routes de pèlerinage (spécialt, les routes menant à Saint-Jacques-de-Compostelle). — Allus. littér. || Le Pèlerinage de Charlemagne, l'une des plus anciennes chansons de geste françaises. — Le pèlerinage des chrétiens à Rome, à Lourdes; des juifs à Jérusalem; des musulmans à La Mecque (→ Hadj, cit. 1; islam, cit. 2); des Hindous à Bénarès…1 Depuis longtemps Jésus avait le sentiment des dangers qui l'entouraient. Pendant un espace de temps qu'on peut évaluer à dix-huit mois, il évita d'aller en pèlerinage à la ville sainte.Renan, Vie de Jésus, Œ. compl., t. IV, p. 295.2 Cluny a organisé les pèlerinages. Par là Cluny est l'âme de ce moyen âge mobile qui se déplace et se propage par ondes continues sur les chemins, vers Saint-Jacques-de-Compostelle et vers l'oratoire Saint-Michel du Mont Gargano.Henri Focillon, l'Art d'Occident, I, II, 1, p. 58.2 (1718). Par métonymie. Lieu qui est le but d'un tel voyage. || Saint-Jacques-de-Compostelle, pèlerinage très fréquenté au moyen âge.3 (1835). Voyage, visite qu'on fait avec l'intention de rendre un hommage, de se recueillir, à un lieu qui est revêtu d'un caractère en quelque sorte sacré; visite qu'on rend à un grand homme qu'on vénère. || Faire un pèlerinage aux lieux où l'on a souffert, où l'on a été heureux. || Pèlerinage littéraire (cit. 2).3 Cet homme rare avait fait un pèlerinage à Ferney pour voir Voltaire et en avait été reçu avec distinction. Il avait un petit buste de Voltaire, gros comme le poing (…)Stendhal, Vie de H. Brulard, 3.4 Le temps de faire un pèlerinage, là-bas, sous les cyprès, à la tombe de Nedjibé, et, laissant tout, il reprendrait le chemin de France; par respect pour le cher passé, par déférence religieuse pour elle, il repartirait avant le plus complet désenchantement.Loti, les Désenchantées, II, V.4 Voyage. Par métaphore. La vie, considérée comme un voyage.5 Ce n'était point avec le froc et le chapelet, c'est avec le tambour de basque et l'habit de fou que j'entreprends, moi, la vie, ce pèlerinage à la mort !Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, La chanson du masque.
Encyclopédie Universelle. 2012.